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Je m'amuse en faisant quelque chose d'intelligent

Une interview avec Florence Dutruc-Rosset,
la rédactrice en chef du magazine pour enfants ASTRAPI


Le travail d'un rédacteur en chef

ASTRAPI est un magazine qui paraît deux fois par mois spécialement pour les enfants. Il est écrit pour les jeunes de sept à onze ans. Florence Dutruc-Rosset est la rédactrice en chef du magazine. En quoi consiste son travail ? C'est ce qu'elle a expliqué aux journalistes du Grand méchant loup.

C'est quoi, le travail d'un rédacteur en chef ?

Florence Dutruc-Rosset, rédactrice en chef d'Astrapi avec le rédacteur Bruno Muscat.

C'est quelqu'un qui est responsable de tout le journal et de tout le travail d'une équipe. Pour faire Astrapi, il y a 16 personnes, on choisit ensemble les sujets, mais j'en suis responsable. Si c'est mal fait, c'est un peu de ma faute.

Quelles études faut-il faire pour faire votre métier ?

C'est varié. Moi, j'ai fait des études de français, ça apprend à bien écrire. Mais moi, je crois surtout qu'il faut aimer les enfants, aimer leur parler, aimer les sujets que les enfants aiment, trouver que les volcans c'est super, que la vie sur Mars c'est comme un rêve, donc, ne pas avoir complètement oublié son enfance.

Florence Dutruc-Rosset, rédactrice en chef avec le rédacteur Bruno Muscat ->

C'est vous qui inventez les noms rigolos qu'il y a dans Astrapi ?

Non, ce sont les rédacteurs. Ils sont cinq et ce sont eux qui ont plein d'idées pour faire des blagues dans les histoires. Moi, je propose des choses, je relis, je corrige un peu, mais pas les fautes d'orthographe, ce n'est pas mon métier. Je me dis, est-ce que les enfants vont comprendre ce mot ou pas, est-ce que c'est mieux d'utiliser une histoire ou des photos comme vous, vous le faites aussi. Il y a une directrice artistique qui est spécialiste de l'image, elle s'occupe des illustrations, des photos, des petits dessins dans les coins. Donc on travaille ensemble.

La naissance du magazine Astrapi

Création du magazine Astrapi: Le premier numéro, 1978

Qui a inventé Astrapi et pourquoi ?

En 1978, il n'y avait pas beaucoup de journaux pour enfants, ou ils n'étaient pas forcément très rigolos. Alors, on s'est dit : si l'on essayait de faire apprendre d'une autre manière en leur permettant de faire des choses avec les mains.

Il y avait beaucoup de jeux, d'expériences, de bricolage, et au fil des années il y a eu de plus en plus de rubriques, des histoires, des documentaires avec des photos, des recettes...La grande idée, au début, c'était d'apprendre en faisant des maquettes et des jeux.

<- Le tout premier numéro d'Astrapi

D'où vient le nom Astrapi ?

Il est venu d'un conte en 1977, publié dans Pomme d'Api. La sorcière disait comme formule magique Astrapi, Astrapan, tatata, et tatata. Astrapi, la rédaction a trouvé ça rigolo.

Quel âge ont les enfants qui lisent Astrapi et y a-t-il aussi des grands ?

Sur la couverture, il y a marqué de sept à onze ans: ça veut dire toute l'école élémentaire du CP au CM2. La majorité des lecteurs a 9 ans, 9 ans et demi, après on reçoit pas mal de lettres d'enfants qui nous disent, j'ai 11 ans, j'ai encore envie de continuer de lire Astrapi. On a eu le record du plus vieux lecteur, c'est quelqu'un qui est abonné depuis toujours et qui a 21 ans !

Est-ce qu'il y a autant de garçons que de filles qui lisent Astrapi ?

Astrapi existe depuis 1978, paraît deux fois par mois, s'adresse aux 7-11 ans

Oui, c'est effectivement le cas. Et c'est très rare dans la presse pour enfants. Il y a beaucoup de journaux spécialisés pour les filles ou pour les garçons.

Qui choisit les thèmes ?

L'équipe. On se réunit et en général, on se met d'accord assez vite. Le plus important c'est que ce soit lu par les enfants. Toute l'équipe pense à ça : est-ce que les enfants vont aimer, est-ce qu'ils vont comprendre ?

Les lecteurs d'Astrapi

Comment savez-vous ce qui intéresse les lecteurs ? Par les lettres de lecteurs ou par des enquêtes ?

On reçoit à peu près 300 à 400 lettres par mois. On reçoit des lettres d'amour, des poèmes, et aussi des idées de sujets. C'est super ! On va beaucoup dans les écoles, on fait des débats, on pose une question, et tous les enfants de la classe répondent. Il y a aussi des enfants qui viennent à la rédaction le mercredi, on leur demande par exemple ce qu'ils regardent à la télé, ce qu'ils aiment...

Les BDs sont-elles faites pour Astrapi ou les tirez-vous de livres ?

Dessin d'un enfant de la BD Pik et Pic créée par Astrapi

On les fait exprès pour Astrapi. L'histoire de Lulu est inventée ici à la rédaction, c'est une dessinatrice qui fait les dessins chez elle. Pik et Pic est fait ici aussi. Mais les autres sont commandées, comme Marion Duval... Les gens travaillent alors chez eux.

Comment préparez-vous les interviews ?

Quand on fait une interview avec les enfants, on prépare avant. Pour la voltige, par exemple, on demande comment ça se passe, si c'est difficile...

Et pour les grandes personnes ?

Il faut s'y prendre environ six mois à l'avance... En général, on fait les interviews par téléphone ou en vrai. Avec le footballeur Zidane c'était par mail.

Est-ce que vous aimez votre travail ?

Oui, j'aime beaucoup mon travail. Je peux m'amuser en faisant quelque chose d'intelligent. J'ai l'impression que les lecteurs sont contents et ça me rend contente aussi. Et pour être rédactrice en chef, il faut aimer décider et c'est quelque chose qui me plaît.

Les journalistes du Grand méchant loup écoutent Florence Dutruc-Rosset, rédactrice en chef d'Astrapi hspace=

Qu'est-ce qui ne vous plaît pas ou vous ennuie dans votre travail ?

Rien ne m'ennuie, mais par contre, il y a des choses qui ne me plaisent pas. Avoir trop de choses à faire en peu de temps par exemple. Il me reste deux heures et il faut que j'appelle untel, que je relise, que j'envoie un mail. Ça c'est le plus difficile. Je n'aime pas non plus annoncer des mauvaises nouvelles. Dire par exemple, cette année vous n'aurez pas d'augmentation, ou nous n'allons pas pouvoir vous garder. Ce n'est pas sympathique.


Interview: Alina, Léo et David
Textes, dessins et Photos: © Grand Méchant Loup - eEducation Masterplan Projekt. Janvier 2007