Rencontre avec Andrea Huber, Berliner Morgenpost
Je me souviens seulement d'une bande dessinée qui paraissait dans le programme télé. Les journaux ne s'intéressaient pas encore au public enfant.
Non, mais à l'époque, beaucoup plus de gens lisaient au moins un quotidien. Aujourd'hui, quand je me rends dans une classe et que je demande qui a un journal à la maison, il n'y a souvent qu'un seul élève qui lève le doigt.
Cette page s'appelle Schüler machen Zeitung. C'est un projet pour des élèves de CM2 jusqu'en Terminale. Les classes qui y participent reçoivent le journal pendant huit semaines et en parlent en cours. Ils ne lisent pas seulement les articles, mais ils apprennent aussi comment est fait un journal, comment les journalistes choisissent leurs sujets et comment ils recherchent des informations. On leur propose aussi d'écrire eux-mêmes quelque chose.
Oui. C'est moi qui la conçois mais les articles sont écrits uniquement par des enfants.
De nos jours, les quotidiens ont beaucoup de concurrence. Pas seulement à cause de la télévision et de la radio, mais aussi avec Internet. Avec ce projet, nous voulons montrer aux enfants et aux jeunes ce que sont les journaux imprimés en comparaison de la télé et la radio. Le but n'est pas de faire de la publicité pour notre propre journal mais de faire comprendre aux élèves que lire des journaux peut faire plaisir.
Les thèmes viennent des élèves. Ils savent mieux que nous ce qui intéresse les enfants et les jeunes. Il y a vraiment des propositions de thèmes très variées, sur la culture, la politique, le sport etc.
Bonne question. L'école est un thème central, c'est votre lieu de travail d'une certaine manière. Ça va de « On a trop de devoirs » au débat sur la réduction du temps de scolarité.
Je me rends compte que les enfants écrivent aussi sur des sujets très sérieux et tristes comme le harcèlement, l'anorexie ou bien pourquoi les jeunes ne s'intéressent pas à la politique.
Je n'ai pas vraiment encore eu de photos spectaculaires. Généralement, on reçoit très peu de photos. Mais il y a déjà eu plusieurs articles vraiment très bons. Une fois, un élève a interviewé un soldat qui revenait juste d'Afghanistan. C'était un sujet très dur mais bien traité.
Je dois choisir car on nous envoie plus d'articles que nous ne pouvons en imprimer. Il faut essayer d'obtenir un bon mélange. Il y a des lecteurs qui aiment bien le sport alors que d'autres détestent ça.
En fait, seuls les élèves qui participent au projet nous envoient des articles. Mais si un article est bon, je le publie, même s'il a été écrit par quelqu'un qui ne participe pas au projet.
La grande différence, c'est qu'ici les articles sont écrits par les enfants eux-mêmes.
Ça me plaît de voir quelles idées ont les enfants, de voir qu'ils sont si ouverts et curieux. Je me rends dans des classes, explique aux élèves comment est fait le journal et on en discute. Je leur demande quelle sorte de journal ils aimeraient avoir. Il y a beaucoup de créativité. Il faut simplement écouter les jeunes.
Il y a aussi parfois des classes qui me regardent bizarrement et je remarque qu'ils pensent « Qu'est-ce qu'elle fait là celle-là ? Qu'est-ce qu'elle va nous raconter ? ». Ce genre d'élèves ne posent presque pas de questions. J'essaye d'en tirer le meilleur possible et parfois, ça réussit, ils s'intéressent.
Oui. Combien de temps va encore durer votre projet et qu'est-ce que vous avez prévu d'autre ?