« Je ne suis pas un intello, mais quelqu'un qui aime divertir un public et le faire cogiter »
Interview avec Simon Briand, réalisateur du film Kiff Kiff
Dans Kiff Kiff, Simon Briand met des mots et des images sur une des périodes les plus marquantes de la vie : 20 ans, l’âge des grandes interrogations et des choix qui vont déterminer beau-coup de choses par la suite. Filmer une tranche de vie, ses joies et ses failles, avec l’espoir que jeunes et parents s’y reconnaissent, tel était le but de Simon Briand. Mais on voulait en savoir plus…
Vous avez eu besoin de combien de temps pour faire votre film ?
C'était un peu un parcours du combattant, étant donné que j'ai fait le film tout seul de A à Z, ou presque. D'abord il y a eu 6 à 7 mois de préparation avant le tournage : obtenir les financements, trouver une équipe, les acteurs, les décors... Mais le plus long, ça a été la période post-production, c'est-à-dire le montage et la musique. Je n'étais pas sûr de moi. J'ai commencé par monter moi-même, puis j'ai rencontré un monteur qui m'a beaucoup aidé, et j'ai enfin pu terminer le film.
Et maintenant, quel âge avez-vous ? Simplement pour avoir une idée...
J'ai 28 ans ! J'ai commencé Kiff Kiff à l'âge de 24 ans et je l'ai fini à 27 ans.
Les acteurs, ce sont des professionnels ?
Plus ou moins. A l'époque, certains étaient en passe de devenir des pros. Et maintenant, plusieurs d'entre eux ont même des agents.
Et l'idée du film, elle vous est venue comment ?
J'aime bien les sujets un peu « teenagers » : des jeunes qui se cherchent, qui sont en conflit avec ceux qui les entoure. J’avais déjà écrit d’autres scénarios un peu dans le même genre. Puis j’ai eu l’idée de raconter l’histoire d’un petit dealer, un jeune qui joue aux durs alors qu’ au fond il est plutôt romantique.
Vous considérez que la fin est plutôt positive, qu’elle donne de l’espoir ?
En fait, c’est une fin assez ouverte. On peut s’imaginer ce qu’on veut. Par exemple, son amie Zoé, est-ce qu’il arrive à la garder ? Est-ce qu’ils se retrouvent ? Dans ma tête, je répondrai non. Elle est déçue, elle lui dit que ça ne marchera jamais entre eux et qu’il faut passer à autre chose. Alors il va aller faire ses photos à l'étranger, comme il le dit à la fin du film, ce qui n’est pas plus mal. Mais bon, chacun est libre de croire ce qui lui plaît.
C'est votre premier film ?
C'est mon premier « vrai » film. J'en ai fait d'autres avant car j'étais dans la section « cinéma et audiovisuel » au lycée. Mais c'est le film le plus important pour moi, car il y avait une vraie équipe, de vrais acteurs, de vrais décors...
Et Selluloïd, c'est le premier festival où vous présentez votre film ?
Non, on a déjà fait quatre ou cinq festivals. Mais il n'a pas été sélectionné partout. Je pense qu'il y a un côté amateurisme qui peut déplaire. Peut-être aussi que le thème ne séduit pas tout le monde... C'est peut-être pas assez intello, mais moi, je ne suis pas un intello de toute façon, mais plutôt quelqu'un qui aime raconter des histoires, divertir un public et le faire cogiter un petit peu.
Et vous allez continuer à faire des films ?
C'est grâce à Kiff Kiff que je me suis vraiment senti réalisateur et que j'ai été reconnu comme tel. Grâce à ce film, j'ai pu ensuite tourner des clips pour des artistes assez connus, et maintenant des producteurs me font confiance et me donnent de l'argent pour réaliser mes projets. Je viens de terminer un thriller fantastique qui s'appelle Manigances. Le fim est plutôt sérieux, on pourrait même dire qu’il est de style « hollywoodien » : l'histoire est très précise, les dialogues millimétrés... Ça change de Kiff Kiff, où tout ou presque s'est fait en impro, la caméra à l'épaule ! Mais je reviendrai à ce genre de films car ça me plaît bien aussi...
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