La page d'un quotidien allemand
écrite par et pour des jeunes

Rencontre avec Andrea Huber, Berliner Morgenpost


Die Berliner Morgenpost est un quotidien allemand. Il existe dans ce journal une page spécialement pour la jeunesse qui paraît tous les lundis, écrite par des élèves âgés de 10 à 18 ans. Andrea Huber est la rédactrice de cette page originale du journal. En quoi consiste son travail ? C'est ce qu'elle a expliqué aux journalistes du Grand méchant loup.

Le projet Schüler machen Zeitung

Ça existait déjà les pages pour les enfants dans les journaux quand vous étiez petite ?

Je me souviens seulement d'une bande dessinée qui paraissait dans le programme télé. Les journaux ne s'intéressaient pas encore au public enfant.

Il n'y avait pas non plus Internet à l'époque.

Non, mais à l'époque, beaucoup plus de gens lisaient au moins un quotidien. Aujourd'hui, quand je me rends dans une classe et que je demande qui a un journal à la maison, il n'y a souvent qu'un seul élève qui lève le doigt.

La page Sch&uumler machen Zeitung du quotidien allemand Die Berliner Morgenpost.

Tous les lundis, il y a une page spéciale pour les enfants qui paraît dans le Berliner Morgenpost. Pouvez-vous nous parler de cette page ?

Cette page s'appelle Schüler machen Zeitung. C'est un projet pour des élèves de CM2 jusqu'en Terminale. Les classes qui y participent reçoivent le journal pendant huit semaines et en parlent en cours. Ils ne lisent pas seulement les articles, mais ils apprennent aussi comment est fait un journal, comment les journalistes choisissent leurs sujets et comment ils recherchent des informations. On leur propose aussi d'écrire eux-mêmes quelque chose.

Un jeune journaliste du Grand méchant loup dessine la page Schüler machen Zeitung du quotidien allemand Die Berliner Morgenpost.

Est-ce que la page est créée seulement par des enfants ?

Oui. C'est moi qui la conçois mais les articles sont écrits uniquement par des enfants.

Comment est né le projet ?

De nos jours, les quotidiens ont beaucoup de concurrence. Pas seulement à cause de la télévision et de la radio, mais aussi avec Internet. Avec ce projet, nous voulons montrer aux enfants et aux jeunes ce que sont les journaux imprimés en comparaison de la télé et la radio. Le but n'est pas de faire de la publicité pour notre propre journal mais de faire comprendre aux élèves que lire des journaux peut faire plaisir.

Des thèmes choisis aux choix des articles publiés

Les méchants loups en pleine conversation avec Andra Huber, rédactrice de la page spéciale pour la jeunesse du quotidien allemand Die Berliner Morgenpost.

Comment choisissez-vous les sujets ?

Les thèmes viennent des élèves. Ils savent mieux que nous ce qui intéresse les enfants et les jeunes. Il y a vraiment des propositions de thèmes très variées, sur la culture, la politique, le sport etc.

Quels sont les thèmes préférés des enfants ?

Bonne question. L'école est un thème central, c'est votre lieu de travail d'une certaine manière. Ça va de « On a trop de devoirs » au débat sur la réduction du temps de scolarité.

Je me rends compte que les enfants écrivent aussi sur des sujets très sérieux et tristes comme le harcèlement, l'anorexie ou bien pourquoi les jeunes ne s'intéressent pas à la politique.

Quels ont été les photos et les articles les plus spectaculaires jusqu'ici ?

Je n'ai pas vraiment encore eu de photos spectaculaires. Généralement, on reçoit très peu de photos. Mais il y a déjà eu plusieurs articles vraiment très bons. Une fois, un élève a interviewé un soldat qui revenait juste d'Afghanistan. C'était un sujet très dur mais bien traité.

Vous publiez tous les articles ou bien est-ce que vous faites un choix ?

Je dois choisir car on nous envoie plus d'articles que nous ne pouvons en imprimer. Il faut essayer d'obtenir un bon mélange. Il y a des lecteurs qui aiment bien le sport alors que d'autres détestent ça.

Si je vous envoie un article, vous le mettez dans le journal, ou ça ne se passe pas comme ça ?

En fait, seuls les élèves qui participent au projet nous envoient des articles. Mais si un article est bon, je le publie, même s'il a été écrit par quelqu'un qui ne participe pas au projet.

Un projet original : entre créativité et défis

Andrea Huber, rédactrice de la page spéciale pour la jeunesse du quotidien allemand Die Berliner Morgenpost avec les méchants loups devant l'ascenseur paternaster.

En quoi votre page est-elle différente des autres pages pour enfants ?

La grande différence, c'est qu'ici les articles sont écrits par les enfants eux-mêmes.

Qu'est-ce qui vous plaît dans votre travail ?

Ça me plaît de voir quelles idées ont les enfants, de voir qu'ils sont si ouverts et curieux. Je me rends dans des classes, explique aux élèves comment est fait le journal et on en discute. Je leur demande quelle sorte de journal ils aimeraient avoir. Il y a beaucoup de créativité. Il faut simplement écouter les jeunes.

Et qu'est-ce que vous n'aimez pas ?

Un paternoster est un ascenceur continu. C'est une chaîne de cabines ouvertes dans lesquelles les passagers montent ou descendent sans que l'ascenseur ne s'arrête.

Il y a aussi parfois des classes qui me regardent bizarrement et je remarque qu'ils pensent « Qu'est-ce qu'elle fait là celle-là ? Qu'est-ce qu'elle va nous raconter ? ». Ce genre d'élèves ne posent presque pas de questions. J'essaye d'en tirer le meilleur possible et parfois, ça réussit, ils s'intéressent.

Les ascenseurs « paternoster » sont de plus en plus rares. Un journaliste du Grand méchant loup illustre le fonctionnement de ceux-ci.

Vous voulez nous poser une question ?

Oui. Combien de temps va encore durer votre projet et qu'est-ce que vous avez prévu d'autre ?

On va travailler sur le thème des médias toute l'année. Et si ça marche, on a prévu de visiter une chaîne de télé publique pour enfants à Erfurt.



Interview: Zoe, Clara, Alicia et Jean-Victor
Dessins: David
Textes, dessins et Photos: © Grand méchant loup | Böser Wolf. Mars 2010